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Nikita Kalos - Peintures et textes

1 mai 2016

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20 mai 2017

Achille aux pieds légers

Achille

 Achille aux pieds légers, NiKita Kalos

 

Achille

Où donc cours-tu, Achille, vers où

Volent tes pieds légers, vers quelle

Bataille de prestige et de gloire ?

N’es-tu jamais lassé, héros de l’impatience ?

 

Sous les murailles de Troie,

Hélas, en profanant la dépouille d’Hector

C’est toi, c’est toi que tu profanas

C’est toi qui mourus ce jour-là.

Et maintenant

A quoi te sert le bouclier d’argent, la lance

Meurtrière, au pays de la mort ?

Tu ne reverras plus les ondoyants bocages

Les beaux chevaux dressés dans la lumière,

A moins que par la grâce d’un dieu

Tu oublies tout ce que tu fus

Tu renonces à tout ce que tu es,

Et que ton âme délestée, libérée

Avec humilité s’incarne dans les fleurs.

Texte : Guy Karl

21 septembre 2016

L'Arbre de vie

L'Arbre de vie

                            L'arbre de vie, NiKita Kalos

20 septembre 2016

Mère-Fille

            La mère inquiète regarde sa fille qui va mal. Elle a les yeux éteints et semble ne pas vouloir se réveiller d’une torpeur, d’une tristesse, d’un abattement, et d’une indifférence à tout. La mère tourne autour d’elle comme une toupie et essaie de soupeser le désarroi de sa fille. Comment la faire sortir de cette morne apathie ? Elle sent son propre déséquilibre à travers elle. Elle a peur. Réveille-toi. Elle l’empoigne et la traine de médecin en médecin. Remettez-la debout ! Les yeux mouillés, elle raconte son histoire à elle. La fille est prostrée, éteinte. La mère a peur de la folie.

            Après avoir vu une dizaine de médecins, avalé moultes boîtes de frubiose, sargénor, reconstituants de toutes sortes, purges, vitamines de A à Z, la mère déclara que ces médecins n’y connaissaient rien. Elle allait la retaper, elle. Tous les matins à 5 heures, elle se radinait avec un bol de  lait bouillant dans lequel nageait un jaune d’œuf. La fille avalait cette chose infâme en pensant à Ben Hur, à Jeanne d’Arc, aux héros morts pour la France, se rendormait la conscience en paix, rêvait qu’elle couvait le Mont Valérien, et  que chaque matin tous les habitants pouvaient apercevoir sur sa crête un gros œuf.

            Un mois plus tard, la mère dut avouer tout bas que sa science était insuffisante, un peu plus haut que cela venait peut être des œufs qui n’étaient pas assez frais et qu’elle avait pris un rendez-vous chez un ponte de la remise à n’œuf, le Professeur Akounaschtroumff, qui avait fait des miracles.

            Après quelques questions à la fille auxquelles la mère répondit à sa place, il déclara que la demoiselle n’avait besoin d’aucun médicament mais seulement de changer d’air, qu’elle parte ailleurs, sorte du milieu familial et roule sa bosse dans un lieu bien oxygéné, voir d’autres têtes, rire, s’amuser avec des jeunes de son âge. Il proposa l’Alsace. D’un coup, la fille leva la tête, sortit de son engourdissement et les yeux brillants regarda le docteur. « Oh oui ! l’Alsace ! ». Elle rêvait depuis toujours d’aller dans la région de son père, voir des montagnes, des sapins, des animaux. Elle ne connaissait que la mer.

           La mère se leva d’un bond. Je suis venue pour que vous lui donniez de bons médicaments, pas pour qu’on me sépare d’elle au moment où elle a le plus besoin de moi. Qui s’en occupera comme je m’en occupe ? Qui sera aux petits soins pour elle ? Elle se mit à chanter, les larmes aux yeux, Tino Rossi dans la voix :

            « Quoi de plus doux, de plus tendre,

               Que le cœur d’une maman,

               Qui donc sait mieux vous comprendre,

               Et calmer tous vos tourments ».

            Le Professeur Akounaschtroumff  laissa tomber si fortement sa règle en métal sur son bureau que la mère sursauta et revint illico à la réalité : On allait lui enlever sa fille ! Impitoyable, il lui dit, de se mettre en relation avec l’organisme d’accueil le plus rapidement possible, que la sécurité sociale ne fera aucun problème. Elle faillit avaler sa langue lorsqu’il lui fit payer 100 euros la consultation, la retrouva tout aussi vite pour la même raison et lui demanda : « Tout de même, docteur, un petit médicament ? »  Il lui lança un tel regard qu’elle n’osa plus insister.

           La mère et la fille se retrouvèrent toutes les deux sur le trottoir, l’une toute grise et tremblant de la tête aux pieds, la fille, toute ragaillardie et tremblant d’un souffle nouveau.

            Le Professeur Akounaschtroumff était un faiseur de miracles.

19 août 2016

Le guerrier apaisé

Le Guerrier apaisé

 

Le Guerrier apaisé - NiKita Kalos


Le guerrier apaisé

             

           Il était le Magnifique, seigneur des deux terres, foudre des dieux, fléau des rois. Rien ne pouvait arrêter sa fougue, apaiser la furie de son coeur. Ses flèches acérées portaient au loin, perçaient les armures, décimaient les armées. Le vaste monde était trop exigu pour sa soif de conquête. Quelle était donc cette rage qui lui mangeait le coeur ? 

              Mais quand on fait le tour de la terre on revient au point de départ.


           Alors il s'arrêta, accrocha son arc et ses flèches au linteau d'une humble hutte de paysan, s'assit sur une botte de paille, et ne bougea que le calme se fît dans son coeur. Il resta ainsi deux longues années.


           Il n'éprouvait plus ni soif ni rage. Les saisons passaient comme des rêves. Son corps devenait pesant, son ventre s'arrondissait sur la paille, et dans son esprit se levait l'image d'une sphère parfaite et lumineuse, rouge et bleue, vaste comme un soleil.


              Un matin il se leva de son siège, s'étira longuement. Jamais plus il ne ferait la guerre.


          Le démon avait quitté son coeur. Entre montagne et rivière il vécut insoucieux des tourmentes du monde. La nuit venue il chantait des odes à la lune.


              Les paysans d'alentour l'appelaient "le guerrier apaisé".


GK

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19 août 2016

Le Reine décapitée

                Je vais faire de la biothérapy. Longtemps dans ma tête je l’orthographiais comme le billot, vous savez la chose sur laquelle on mettait la tête d’un condamné pour le décapiter. Mais là,  c’est pas ça du tout, c’est  même le contraire. Ma tête qui branle de toutes parts, qui refuse sa majesté, hé bien, grâce à la bio, elle va enfin jeter l’ancre sur mes épaules. La bio c’est l’anti-billotine. Tout ce qui cloche en moi, tout ce qui est essoufflé, bousillé, calciné, tout ce qui est noirci de moi, blanchi de moi, tout cela grâce à la bio, ça va refaire surface, je vais m’écumer en quelque sorte. Mon corps intérieur, extérieur, je vais le faire parler dans son bien, dans son mal, le faire pâlir, s’époumoner, s’ablutionner. Ma parole va enfin se délivrer car il ne fait aucun doute que je la retiens prisonnière et qu’elle tape du pied, et qu’elle veut sortir, elle veut être là elle aussi, avoir voix au chapitre. C’est sûr  je ne vais plus pouvoir la retenir car la biothérapy c’est un lieu de parole, de parole du corps, de parole de l’esprit, de parole-parole. 

                D’abord, j’voulais pas y aller, j’ai vachement hésité. Lâcher ma parole qui me tient chaud depuis si longtemps ça demande une certaine témérité. Et puis, ça lui ferait plaisir et j‘aime pas lui faire plaisir. Elle me supplie depuis des années. La garce, elle voudrait bien me lâcher, me laisser en plan et vagabonder, à sa guise, parmi les fleurs. Mais moi, j’ lui dis toujours : « dehors, y’a le loup, t’as envie de te faire bouffer par le loup ?» Elle me répond tout le temps  la même chose : «  Y’a peut-être le  loup, mais y’a aussi des fleurs et j’ai tellement envie de voir les fleurs. » « Des fleurs à tête de loup que je lui réponds ! » Et vlan ! Je lui fous la frousse. Docilement, elle retourne à sa vieille sécurité que je suis, car moi je ne veux que son bien.

                Vous comprenez mon hésitation. Me retrouver là, vidée comme une moule, le froid me grignotant les tripes. J’ai toujours eu peur du froid. Le froid, ça pénètre dans mon dedans, ça touche à tout mon intérieur. C’est sans-gêne le froid ! ça insiste sur mon vide. Le chaud au contraire c’est…chaud. On est bien, enveloppé ; on est rond, ça remplit bien. On se sent plein. Moi, j’aime le chaud, j’aime tellement que lorsque j’étais petite je voulais voir combien je tiendrais et combien j’aimerais. Je me mettais sous la douche brûlante et je jouais à Jeanne d’Arc au bûcher. Qu’est-ce que je tenais bien ! J’aimais savoir que j’aimais ! Enfin, j’aimais jusqu’à une certaine limite. Quand mon corps avait pris l’allure d’un homard, j’ouvrais alors l’eau froide pour éteindre l’incendie. Car le chaud quand c’est trop chaud, ça brûle.

                Parfois, c’est ce que je ressens avec ma parole que je garde au chaud. Elle se fait lourde, elle pèse, elle me brûle l’estomac, elle appuie sur mes intestins, ce qui me fout des diarrhées, sur le coeur, ce qui me fait suffoquer. Elle me livre de ces combats ! C’est pour ça que je me suis décidée pour la biothérapy. Je me suis dit : « Voyons voir un peu ce qui va se passer si je la laisse sortir! Peut-être qu’après tout, elle ne se fera pas bouffer par le loup, peut-être qu’après tout, elle pourra faire plein de choses avant cette échéance et puis aussi peut-être qu’après tout, je ne vais pas rester moi, comme  une coquille vide.

                        Tu ne vois pas que dans cette affaire, on s'y retrouverait toutes les deux !!!

NKL

12 juillet 2016

Avez-vous besoin d'un ange ?

 

         Une femme sans charme regarde l’ange passer.

         Il distribue les âmes. Elle lui fait signe.

        L’aveu d’impuissance demande du courage.

        L’ange comprend son désarroi et tend la main qu’elle prend.

        Elle hésite encore. La décision est difficile. Vertige du vide.

        Mais elle sait aussi que l’ogre insatiable rode.

        Elle ne peut se permettre d’être faible dans cette nudité de naissance

        qu’elle trimballe depuis si longtemps.

        La main lui chauffe le corps, et le souffle revient et avec lui

        l’espoir qui illumine son visage et la rend belle.

        La chair reprend vie et la fièvre du désir éclabousse

        tout son corps qui tremble d’un avenir possible.

        Désormais, l’ogre terrassé, elle n’a plus peur

        et la route est libre.

        NKL

27 juin 2016

Fleur du désert

 

           

Aïcha

         

                           Mes mots se cognent au mur et deviennent linceul

                    Ils ont pris l'habitude d'être dévorés par le vautour,

                                   Mes mots sont devenus vautour.

 

            Un jour la flûte a chanté. C'était un son venu d'ailleurs qui laissait une flèche dans chaque coeur. Il a transpercé le mur qui refusait de se prosterner. Une étoile est sortie et toute une vie elle a suivi le mage, suivi le chant. Elle a parlé avec les chameaux du désert qui l'aimaient beaucoup car elle leur apportait chaque fois un peu de poudre de soleil dont ils raffolaient, qui leur donnait les yeux jaunes et faisait pousser leurs cils. On n' a pas suffisamment parlé de la coquetterie des chameaux. Elle a appris le langage des oiseaux, des gazelles, des scorpions.

         Dans toutes les villes on la reconnaissait et chacun lui offrait des oranges, du pain trempé dans du lait de chèvre qui est signe d'adoption, des dates pilées dans du miel.

        Et toujours l'étoile suivait le mage. Une nuit, elle s'éveilla trempée de sueur, les membres endoloris. Le son, elle ne l'entendait plus, elle le chercha partout, sous les pierres, dans les arbres. Elle avait mal, très mal, elle avait peur, très peur. Ce vide en elle était insupportable.

     Elle se mit à crier : "Son, où es-tu ?" Mais sa voix se perdait dans l'obscurité noire, épaisse, inquiétante. Elle se jeta sur le sable en sanglotant. Elle s'endormit les larmes plein la bouche. Aux premières lueurs de l'aube, à la douleur qu'elle ressentit, au goût amer sur ses lèvres, elle sut qu'elle n'avait pas rêvé : elle avait perdu à jamais son guide. Elle poussa un cri de détresse. Qu'allait-elle devenir ? Avant, elle ne se posait pas de questions, elle suivait, heureuse et sereine. Elle resta deux jours et deux nuits prostrée, ayant pour seul refuge cet arbre contre lequel elle se serrait. Elle ne voulait pas vivre, elle ne savait pas. Elle se désintéressait des oiseaux qui virevoltaient autour d'elle, du soleil radieux qui lui caressait les bras. Au troisième jour elle se leva, attirée par une lumière d'or qui semblait venir du petit ruisseau qu'elle avait surnommé "ruisseau de la beauté". Elle se pencha et le miroir lui renvoya l'image d'une personne qu'elle ne reconnut pas et qui lui fit peur tant son visage était ravagé de tristesse et d'amertume. Effrayée, elle allait se retirer quand soudain l'eau se troubla. Des petits grains d'or montèrent à la surface et formèrent une ronde lumineuse. Curieuse, elle regarda à l'intérieur du cercle et vit une fleur resplendissante de beauté et de lumière. Elle plongea son bras dans l'eau, en sortit la Merveille, et reconnut la Fleur Eternelle.

     C'était un cadeau du mage, elle le savait. Elle déposa un baiser sur les pétales scintillants, enfila l'objet précieux à l'intérieur de sa chemise, là où elle avait le plus mal.

        Revigorée, un sourire sur les lèvres, elle sut que désormais elles ne se quitteraient plus, elles feraient route ensemble.

NKL

24 juin 2016

Evasion

        D'un pas alerte, il se dirige vers les sous bois pour une promenade, suivi de son chien Balthazar. Il aime ces moments où il laisse son corps diriger ses pas, les sens en éveil, lui qui aime tant la nature. Elle lui parle, tout lui parle et il se laisse prendre par elle. Il est bien, il est heureux et il communique avec son chien qui fait des va-et-vient joyeux et le remercie de ces moments privilégiés. Il arrive au bord de la clairière qu'il connait bien, s'allonge dans l'herbe pour un petit somme. Ses yeux bleus se noient dans un ciel tout aussi bleu. Il rêvasse. C'est son grand moment où tout devient poésie et joie d'être là. A chaque fois, c'est la musique qui vient, sans aucun effort, les notes surgissent, sautent de branche en branche, de nuage en nuage, se pressent les unes derrière les autres. Il prend son violon, prépare son archer et plaque les premières mesures d'une mélodie nouvelle qui viendra s'ajouter à toutes celles qu'il a déjà composées. Tout un frémissement du corps, de l'âme, et là, seul au monde, il est heureux. Cela existe, il existe. Il sait qu'à tout moment, il pourra retrouver cela, personne ne pourra jamais le lui enlever.

Il faut rentrer. Balthazar et lui s'ébrouent et prennent joyeusement le chemin du retour.

Cet homme, c'était mon père.

NKL

 

21 juin 2016

Danse de Leila

Danse

Danse, NKL 

          Leila, la belle courtisane, continuait sa danse sans se soucier des acclamations, des hommes aux yeux dilatés qui la suivaient, comme fascinés par tant de beauté. Ses hanches vibraient à la cadence du cheval fou emballé et ses épaules nues au velouté incomparable s'agitaient comme prises d'un désir violent, d'un feu brûlant que nul ne se sentait l'envie d'éteindre et qui enflammaient la salle entière. Elle devenait Leila la Divine. Personne n'aurait osé la toucher, l'interrompre. C'était son moment à elle, le seul où elle pouvait laisser exploser, expulser sa douleur. Sa danse était plus qu'une parole, c'était un cri. C'était toute sa blessure qu'elle étalait, plaie brûlante qui s'étendait à toute l'assemblée. L'un portait la main à son coeur, l'autre se tenait le ventre, un autre la tête mais tous ressentaient la Blessure que Leila leur communiquait ; plus elle s'enfonçait dans leur chair, plus ils s'excitaient dans une inquiétante ivresse. Elle avait le don de les mettre à nu et de faire jaillir, hors d'eux, une vérité qu'ils ne soupçonnaient même pas. Elle devenait alors Leila la Magicienne. Et soudain, tel un rêve, elle disparaissait, laissant les spectateurs suspendus dans une muette stupéfaction.  NKL

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